Claire Obscur Admin
Date d'inscription : 10/01/2016
| | Une odyssée fantastique : | |
Les brumes du lac Jeudi 15 octobre. 20h « Ma chère Gavroche *»
Si je t’écris aujourd’hui, c’est qu’il m’est arrivé quelque chose de curieux… Je connais notre appétence à résoudre les faits étranges, c’est pourquoi je ne résiste pas à l’envie de partager cet événement avec toi. Voici un moment que ça dure, cependant, il est temps que je trempe ma plume pour te raconter des détails que je risque d’oublier si j’attends trop longtemps. Si l’histoire se révèle intéressante, comme je le pressens, tu auras la primeur de la lecture. Et si l’histoire n’est pas à la hauteur de mes espérances, tu auras été, tout simplement, l’invité de mes élucubrations.
Tout a commencé à la fin de l’été, juste comme je venais de m’installer dans la maison du lac, ce fameux mois d’août où le pays tout entier a été plongé dans un brouillard lourd et sinistre durant plusieurs jours… Je me souviens m’être placée dans le fauteuil face à la fenêtre pour guetter la migration de ses brumes angoissantes… Comme tu le sais, je n’aime pas particulièrement le brouillard, mais celui-ci me fascinait par les couleurs inhabituelles qu’il offrait… Des volutes bleu et rose, qui se mélangeaient dans des violets et des parmes spectaculaires. Mais ce qui retenait surtout mon attention, c’était ces filets aussi denses que de l’encre qui parsemaient ces volutes… On eut dit une résille de capillaires sanguins transportant des flux bleu-nuit. Pourtant, si ces résilles m’intriguaient au plus haut point, un autre fait bizarre ne cessait de me donner une sensation étrange. Elle était due à la quasi-certitude que je voyais quelque chose d’impossible en la présence d’arbres à l’intérieur de ce coton chamarré… Au premier abord, je n’y avais pas prêté attention, concentrée sur ces résilles mouvantes… Cependant, après avoir réalisé ce phénomène et avoir redoublé d’attention, jusqu’à m’avancer au plus près de la vitre, j’eus la certitude qu’une forêt flottait dans cette brume au-dessus du lac… C’était comme si elle transportait une autre partie de la Terre avec elle. Ou plus effrayant, un tout autre monde. Je me disais que Stephen King devenait de ce fait un visionnaire, car, certainement, j’allais bientôt voir apparaître les tentacules d’une pieuvre ou quelque autre bestiole décrite dans « Brumes » cette magnifique fiction. Je reculais et fermais les yeux m’attendant à les rouvrir dans son Supermarché de l'horreur, rongée d’angoisse. Je t’assure que malgré la beauté du spectacle, cette apparition hallucinante de forêt me fit frissonner plus d’une fois. Lorsqu’enfin les brumes se levèrent sur un ciel pur et d’un bleu exceptionnel, bien sûr, aucune forêt flottante ne trônait au-dessus du lac ! Je mis cela sur le compte d’effet d’optique bien arrosé de fatigue et d’imagination débordante… Je m’installais à mon bureau pour écrire et je constatais que mon stylo plume était vide. Ce n’était pas un problème, la réserve était suffisamment approvisionnée en grosses bouteilles d’encre et en produits de toutes sortes, notamment alimentaires, pour que je puisse tenir un siège sans sortir pendant plusieurs semaines ! Je filais donc chercher de quoi remplir le petit flacon que je laisse toujours à portée de main pour mon stylo gourmand…
Toutefois, j’étais surprise que stylo et petit encrier soient vides. En effet, il me semblait les avoir remplis la veille, et je n’avais pas écrit au point de vider plusieurs cartouches. Comme j’avais réuni des infos pour écrire un article commandé par mon journal, j’écrivis une bonne partie de la nuit, parallèlement hantée par les visions de cette forêt improbable… Les jours suivants, j’oubliai l’incident et partageai ma vie entre mes travaux d’écrivain et mon travail de journaliste. Mais, moins de 3 semaines plus tard, l’histoire se renouvela, je dirai presque mot pour mot. Puis encore une fois, le brouillard, les couleurs, les résilles, tels de petits vaisseaux entremêlés courant dans les brumes. Sans oublier le stylo et l’encrier vides chaque matin et… La forêt. Le brouillard venait, et s’en allait. Jusqu’au jour où il resta plusieurs semaines, laissant ma maison dans un coton qui ne semblait là que pour cacher cette forêt dont j’apercevais les pointes serrées de pins imaginaires… Te dire la tension qui régnait dans cette maison solitaire est inutile n’est-ce pas ?Cependant l’affaire se corsa lorsque, en sortant du village pour m’approvisionner en encre qui continuait étrangement à s’évaporer tous les jours, je m’aperçus que seule ma maison était emmitouflée d’une écharpe blanche (elle était d’un blanc immaculé vue de l’extérieur). Quelques personnes s’étaient attroupées et observaient le phénomène en s’interpellant. Lorsque je sortis de ces brumes insolites, les gens s’écartèrent et me regardèrent comme si j’étais un extra-terrestre, et à vrai dire, je me demandais quelques instants si je n’en étais pas un… Et c’est à mon retour, chargée de trois grosses bouteilles d’encre, que j’ai pris la décision de t’écrire… Je n’avais cependant pas l’intention t’envoyer ce courrier tout de suite, pensant le rédiger un peu à la manière d’un journal. Je sais que tu n’aimes pas attendre les suites des histoires et je pensais t’envoyer le tout en une seule fois. Je l’ai pris comme un jeu, me disant que mon imagination débordante sauverait l’histoire si elle manquait d’évènements croustillants. Voilà pour le commencement de l’histoire.
Voilà pour le commencement de l’histoire. À partir de cet instant, je vais t’écrire au présent, jour après jour.
Je suis (encore) devant ma fenêtre (décidément, elle me fascine), il faut dire que la forêt se fait de plus en plus présente, elle semble se resserrer autour des murs, et je suis sûre d’entendre parfois, les branchages caresser le toit… Je commence à imaginer ce qui se passera lorsqu’ils ne se contenteront plus de « caresser »… Je tremble… Je pourrais décider de rentrer chez moi, de dire stop à l’angoisse qui m’étreint… De retourner dehors pour savoir s’il n’y a toujours que ma maison qui est cernée par cette grisaille couverte de veinules mouvantes. Mais je ne peux m’y résoudre. Il se passe quelque chose ici. J’ai beau avoir peur, me poser des tas de questions, je veux savoir.
Les arbres, je suis sûre, ne sont plus imaginaires… Ils avancent et grattent maintenant les murs, et même, j’ai cru apercevoir des branches tâter la vitre, agitées par un vent sifflant, à moins que ce ne soit les arbres qui chuchotent. * Note : non ce n'est pas une erreur, c'est bien "Ma". En fait chose curieuse, lors d'une discussion avec notre Gavroche, que certains connaissent ici sous un autre pseudo, bien féminin cette fois, je fus subitement assaillie par une idée de nouvelle en écoutant sa conclusion sur la petite anecdote qu'elle venait de me raconter. Je commençai à l'écrire, loin de m'imaginer que le thème du défi se cachait dans un coin de ma tête, ce qui, somme toute, était normal. Pourtant, comme cela arrive souvent, il suffit que je rédige, où que je discute du thème d'un défi avant sa mise en ligne, pour que je sèche complètement... Il est beaucoup plus facile d'écrire en découvrant un thème, que d'écrire sur un thème potassé pour sa rédaction. Bref, thème et nouvelle ont dû se télescoper, et j'en suis fort aise... Je ne serai pas en retard cette fois-ci, sauf si l'ordinologie, avec ou sans net, me joue un vilain tour...
Dernière édition par Claire Obscur le 26.06.16 1:10, édité 4 fois |
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30.05.16 17:05 par Vividecateri