Ce matin, je suis allée chercher des mensonges
Ils font toujours semblant d’être des songes
Mais ne sont que réalité sombre.
Sans prévenir, ils savent vous sauter dessus ces machins là
J’en ai pris une poignée avec précaution
Ensuite j’ai cherché des bosses, des bleus, des gnons,
Des insultes, des brimades, des mauvaises intentions
Des oreilles qui n’écoutent pas, des langues siffleuses
Des yeux qui voient rouge ou noir et des mains chahuteuses
De la rancœur, des vilaines pensées et un sachet de maux
Je suis allée dans la cuisine, j’ai pris un pot de grès très gros
J’ai mis de la cendre de crématoire, un neuf de pique à sots
De l’avocat véreux à la levure de voyou,
Une crème de poltron, une cuillère de soupe aux cailloux
Une pincée de venin séché au yaourt d’injustice
J’ai pris une fourche à purin et j’ai remué avec malice
J’ai goûté pour voir et ça n’était pas insipide
Dans un moule à tarte, j’ai versé l’épais liquide
J’ai saupoudré d’argent corrompu aux arguments politiques
Et j’ai monté la température du four à un niveau critique
Le soufflé sera bon pour être bien mauvais
La vanité s’est gonflée au narcissisme parfumé,
Au bouquet sulfureux du sablé granité de méchanceté
Je le poserai avec les autres plats sur la grande tablée
Ceux de la bêtise, de l’avarice, et de la suave cupidité
Il sera posé à côté de l’envieux, du véreux
De tous les authentiques dans lesquels j’ai puisé
Pour faire l’ignominieux. Et trônant bien au milieu
De tous ces vices boueux, une île. Une seule île dorée
Faite de blé généreux et de grains miséricordieux.
Une île de bonté, de charité, et de fraternité
Il n’y a pas besoin de 36 plats pour donner de l’amour
Il n’y a pas besoin de 36 saladiers, ni même de four
Il n’y a pas besoin de recette compliquée pour aimer
Il faut juste un peu de cœur, de respect, d’humilité.
Un nouveau wagon d’âmes à naître est arrivé.
Il nous faut les nourrir avant de les envoyer
Nous allons nous retirer, les laisser consommer
Les plats de leur future vie. Quand elles quitteront l’au-d’ici
Pour en faire l’au-delà, elles auront le ventre et cœur bien remplis.
Nous saurons bien assez tôt de quoi leur vie sera garnie.
f
ocus sur le titre... c'est bien "le banquet des âmes" et non le "banquet des ânes". J'aurais pu, mais il y aurait eu amalgame, et j'ai trop d'égard pour ces merveilleuses créatures.
25.01.17 1:33 par Claire Obscur