Sortilège
Date d'inscription : 21/01/2016
| | Lucie sur ton lit | |
Allongée sur son lit, c'est sa vie pour toujours. Les escarres aux fesses, désormais logées dans son dos, Fesses qui par ailleurs ont perdues leurs contours. Ses yeux errent du feuilleton, aux fenêtres à barreaux. Lucie, vois-tu le ciel ? Elle mange encore, à la main sûre, de l'aide-soignante,Des purées, des compotes, de la viande mixée,Le visage marbré d'une expression poignanteUne supplique d'une cuillère à l'autre, il faut faire vite, Est-ce vivre que manger ?Jamais une visite, elle n'existe qu'ici :Dans la petite chambre d'une maison retraite.Le personnel défile, raconte ses ennuis,Au-dessus de son lit, sans cacher ses facettes.Écoutes-tu leurs vies ? Il paraît quelle comprend tout, c'est comme un prodige.Les femmes en blouse la couvent des yeux, avec pitié.Puis leurs bavardages oublient la femme vestigeQui bouche béante attend, la bouillie sacrée…Est-il encore ici, ton esprit ?Savent-ils que tu as grandi les tiens, trois beaux enfants ?Que tu éduquas d'autres orphelins, toi l'orpheline…Toi, femme, tu es devenue un être à peine vivantPas encore décédée mais déjà sans racinesLucie, hier lucide tu aurais voulu qu'on t'achève. |
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01.03.16 15:20 par EPONINE52