Comme un point sur un i
La main se lève pour placer sur le i un point, c‘est tout… tout petit.
Le regard interrogateur remonte sur la fine ligne droite érigée dans l’espace.
La confiance se lit dans ce doigt qui appose, dans ces yeux qui questionnent.
L’espoir est-il vain ?
Suspendue, la main hésite.
Eperdu, le regard se voile.
Comment ce point essentiel peut-il faire l’objet de tant d’incertitude ?
Un point, c’est franc, d’ordinaire on le plaque sans l’ombre d’une hésitation.
Oui… mais là, ce n’est pas n’importe quel point, surtout pas le final.
Il est indispensable dans ce mot.
Sans espoir, comment exister ?
Journées sans buts, à errer…
Courbé vers la terre, oui, pour espérer un blé aussi blond que l’enfant né,
Ses boucles dorées ondulant sous le vent, relevant fièrement leurs épis,
Redressant la tête pour remercier le ciel de tant de prières… exaucées.
Pour chaque lendemain.
La question se pose encore.
Et encore… sans fin.
« Le petit train commandé sera-t-il sous le sapin », dis, et « La panoplie de poupée » ?
« Aurai-je un vingt en maths, un quinze en dissertation, un douze en chimie » ?
« Ce patron va-t-il m’embaucher, m’augmenter, me propulser au sommet »?
Le regard s’allume, brille.
Papillonne à droite, à gauche.
Quête un assentiment.
Ah l’espoir ! Le grand point d’interrogation, point qui se pose en contrebas du i.
Mais le propulse quand le cœur s’emballe, au bout du chemin, il est là, parfois.
Quelquefois non, mais comme la source, il rejaillit, il fait des bonds, il sourde.
Il nous maintient en vie.
Ce mot est un tout.
Qui résume chaque instant.
Celui du jeune homme qui se gourmande « Va-t-elle répondre à mon baiser » ?
De la jeune fille énamourée qui songe « Quand me demandera-t-il de l’épouser » ?
Ces espoirs réalisés amènent d’autres souhaits « Ce sera un garçon, une fille » ?
Toujours en attente.
Des fois, on ne sait de quoi.
D’une surprise, l’inattendu !
Au tournant d’une rue, alors qu’il était au plus bas, il renaît d’une rencontre.
Le cœur palpite à nouveau, un étincelle éclaire le regard, « J’y croyais plus ! »
Le quotidien est remis en question, d’autres espoirs se greffent sur un… seul.
Et tout recommence.
Et continue ?
Qui sait jusqu’où ?
Au bout ! La route est longue et jalonnée d’espoirs tant qu’il reste un souffle.
Le dernier mettra le point ultime à ces attentes qui nous poursuivent sans cesse dans le questionnement du « ne pas souffrir », de partir dans la quiétude, en paix, et se demander avec le dernier espoir « Que vais-je trouver de l’autre côté ? Qui vais-je retrouver ? Tous ceux qui sont déjà partis dans ce tunnel plein de lumière vive ?
Mais en attendant.
La route est longue.
Et sans espoir on tombe.
Le leitmotiv dans cette société de consommation est de caresser l’espoir de posséder.
Une voiture, les dernières technologies encore et toujours, possessions qui appellent, interpellent… Un pincement au cœur, l’estomac noué, l’espoir donne des sensations corporelles, c’est un moteur puissant.
Il ne doit pas caler.
C’est comme un charme.
Une potion magique.
L’espoir est comme un murmure à l’oreille, il rend l’âme plus légère et fait accepter la vie. Il fait implorer le ciel, étreint le cœur qui se serre dans l’émoi, rend heureux. « Va-t-il guérir, va-t-elle sortir du coma » ?
Dans ce pays, les habitants ont soif, la terre est exsangue « Si seulement il pouvait pleuvoir ».
Les yeux sont braqués vers les nuages qui s’amoncellent. Pourquoi pense-t-on que l’espoir est toujours au-dessus de notre tête et l’oblige à se lever vers le firmament, comme s’il avait toutes les réponses, comme s’il détenait la clé de tous nos espoirs, comme s’il suffisait de demander à un Dieu quelconque de satisfaire nos prières, de combler tous nos besoins aussi bien sentimentaux que matériels ? Cet espoir qui nous rive l’œil dans les galaxies. Il est comme un vœu lorsqu’une étoile filante illumine la nuit, puis deux, trois…
L’espoir est comme un feu, il faut souffler sur les braises pour le raviver, l’entretenir, le nourrir. Si la flamme vacille, elle ne doit en aucun cas s’éteindre.
L’espoir est comme une belle fleur qui s’épanouit et dégage un parfum subtil qui nous fait fermer les yeux en relevant le menton, étire un sourire sur nos lèvres. L’espoir est comme le vent qui disperse le pollen pour ensemencer, c’est l’oiseau qui chante quand le soleil se lève, perché là-haut sur la branche, nous levons la tête pour l’apercevoir, l’espoir c’est un air de musique, le babil d’un bébé.
Et si on lâchait prise quelque temps, si on mettait momentanément de côté nos petits espoirs pour en embrasser un plus grand. Imaginons, toute l’humanité unie dans le même espoir… Celui de voir tous les enfants de la terre manger à leur faim, ne plus être exploités, accéder aux soins, à l’éducation… Les regarder jouer, grandir dans la sérénité… Imaginons voir les hommes ne plus s’entretuer, jeter les armes, cesser les guerres… Un trompe la mort en somme… Imaginons la planète propre, sans pollution aucune, respirer l’air pur, manger des produits naturels… Supposons que l’argent, source de rivalités, qui altère les relations même dans les familles, n’existe plus !
Imaginons que l’amour supplante la haine et nous fasse aimer les uns les autres.
Un avenir meilleur.
Se dessine dans cet espoir.
Premiers balbutiements.
L’effet papillon se communique, il fait boule de neige, se répand sur le globe, enfin !
Un nouvel espoir est né…
C’est beau d’espérer.
Mais ce n’est pas suffisant.
Il me semble… Il faut l’aider l’espoir pour qu’il se concrétise. Souhaiter ne suffit pas. Faire un vœu non plus, ce serait trop facile. Attendre qu’il nous tombe du ciel, non plus ! Il faut le faire grandir l’espoir, car au début, il est mince. On se doit d’agir pour cela, tous les jours ! Si on commençait par un sourire porteur d’espoir, distribué à chaque passant pour redonner espoir à ceux qui sont malheureux ou à des gens qui n’en ont plus et puis, et puis… recommencer, et puis… Il y a tant à faire !
Demain sera-t-il un jour meilleur ?
Oui, si l’espoir est en nous.
Haut les cœurs toutes et tous ensemble !
L’espoir tient chaud, un proverbe russe ne dit-il pas « Au royaume de l’espoir, il n’y a pas d’hiver » La tête levée, la main tendue, les yeux remplis d’amour… Le corps tout entier se dresse vers l’espoir comme ce point sur un i.
Il faut garder espoir, toujours, l’entretenir, le protéger… Les jeux ne sont pas faits.
Car, il n’y a aucun doute, avec lui tout devient enfin possible.
28.05.16 19:14 par EPONINE52