Dans une main je tiens la main d’une vieille femme
De l’autre je retiens un gamin attachant
Je marche bras en croix en protégeant ma flamme
Entre larmes d’adulte et cachotteries d’enfant.
Donnez-moi une guitare, un violon,
Un violoncelle et un accordéon,
Donnez-moi des artistes qui manient les vents,
Des cordes et un batteur pour mesurer les temps,
Donnez-moi des rondeurs à parcourir des doigts
Le parfum des couleurs qui enrobent de soie
Un corps qui ondule, soumis, suivant mon bras,
Un bord de lèvres humides, pour me souffler les pas,
Pour que je dise merci
A ce qu'il me reste de vie
Les pages de mon livre peu à peu se décollent
Je les vois me lâcher, bouts d’histoire qui s’envolent
Avec le temps, le temps, nous fait cadeau d’oubli
Avec le vent, l’avant, fait silence et s‘enfuit.
Donnez-moi une forêt au pied d’une colline,
Et que dessus s’y trouve un chêne qui domine
Donnez-moi des oiseaux et un soleil couchant
Cette vie qui renaît à chaque soleil levant
Donnez-moi la rosée, son rayon amoureux
Qui enfante l’étoile à ces larmes de nuit
L’ombre qui rapetisse expirant en silence
Cédant place aux petits reliefs de l’existence
Offrez-moi la conscience
De la moindre importance
J’ai la main qui retient autant que faire se peut
Carpe diem, poings fermés, des images plein les yeux
Par le sang qui vieillit la matière se ride
L’esprit lui redescend d’un ciel qui se vide.
Donnez-moi l’émotion en plus du sentiment
Donnez-moi le cadeau d’offrir donnant donnant
Cet oubli de soi-même qui soulage du poids
De la mise à l’écart, mise au ban de l’émoi.
Donnez-moi le mensonge d’un éternel amour
Qui dément la pudeur et livre sans détour
Des tensions de plaisir aux caresses alanguies
Le bouquet des murmures qui deviennent des cris
Donnez-moi confidence
D’un miroir délivrance
Je garderai la main de l’enfant dans la mienne,
Ma croix sera légère autant que m’en souvienne,
Dans l’autre main j’aurai celle de la dame en noir
Qui patiente à poser point final à l’histoire.
Offrez-moi le regret de cette fin qui s’en vient
Parsemant d’amertume le bord de nos chemins,
Donnez-moi la mer et tout son vague à l’âme,
Avec un ciel en pleur que l’horizon enflamme,
Donnez-moi les embruns et leurs sels aux blessures
Un océan d’étoiles comme unique ouverture,
Laissez-moi une plage pour m’y allonger nu
Et le silence du monde jusqu'à perte de vue,
Offrez-moi un oubli,
Dans l’ivresse de la nuit.
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