Photo de Sebastião Salgado Un jour, quelqu’un m’a dit
- Des fois, j’ai peur de finir comme vous…
J’ai sursauté…
-Comment, lui ai-je dit, d’un ton fort étonné, comment ça ?
- Oui confirma-t-il, c’est pourtant clair, j’ai peur de finir comme vous….
Je restai coi. À quelle sorte d’hurluberlu avais-je donc affaire ?
Je partis m’asseoir sur un banc, et je méditai longuement… Celui qui m’avait dit cela avait tout du BC-BG. Et c’est ainsi que je m’égarai quelque temps en conjectures désagréables.
Brièvement, et discrètement, je m’inspectai des pieds à la tête.
Mon allure, il est vrai n’était pas reluisante. Je n’étais pas habillé en Jean-Paul Gaultier, mes quatre yeux ne venaient pas de chez Vuitton, mon col roulé n’était pas de Benetton et mes chaussures n’arrivaient pas de chez Giuseppe Zanotti, quant au pantalon… Bref Gaultier, Zanotti, Benetton et Vuitton, on le sait n’habillent pas des thons. Mais je m’étais toujours efforcé de rester dans le ton… J’étais vexé. Je ressassai.
Et puis je me mis à rire…
En effet, il m’aurait dit :
« Des fois, j’ai peur de devenir comme vous de mon vivant… »
Encore, j’aurai compris ! Ok, il n’avait pas envie de me ressembler… C’était son droit.
Mais là, remontant le courant de notre conversation à la façon des… heu… thons, une traduction m’arriva droit dessus, façon plutôt
fil aux eaux fique* … « Je n’ai pas envie de finir comme vous… » avait dit le bellâtre…
Y croit quoi l’aut’, hé ? qu’y va CONTINUER vitae æternam sans FINIR ?
Ou que son dernier soupir y’n’le poussera pas ? Ou alors qu'en FINISSANT, y's’réincarnerait direct dans un autre abruti ? Non, mais !
Lorsque le lendemain je le revis, toujours BC-BG, j’allai m’assoir à côté de lui… Je lui pris les mains avec sollicitude et je lui appris que j’étais désolé, mais que j’avais une très mauvaise nouvelle pour lui !
Je lui expliquai, avec un air « con-descendant » (c’est comme la lune, dans ces cas là, il vaut mieux être dans la phase descendante que montante) qu’il fallait qu’il s’ôte de la tête qu’il arriverait à ne pas finir comme moi… Qu’il arrête d’avoir peur… Et qu’il l’accepte. C’était la meilleure façon de vivre en paix… Car, terminai-je, nous FINISSONS tous. Et tous PAREIL (j’insistais bien sur les mots
magiques)!!!! (moi, je mets 4 points d’exclamation parce que c’était très très très très insisté) Lui, moi, les gens... Tous ! Comme les animaux… Nous commençons tous, nus comme des vers, et nous finissons tous… heu… avec l’apparence de ces petites bêtes.
Et puis FINIR, c’est pas si mal que ça… Ça permet de recommencer en essayant d’être moins « con-vexant ». Pour certains, bien sûr.
Je le laissai coi.
*fique : du latin ficus de facere "faire" servant à faire les adjectifs.. donc là,j'ai "
adjecté " le "
fil aux eaux" (j'aurai pu dire "adjec
tifé", mais
"dans fil aux eaux fique" y a déjà des fil, pas la peine de lui mettre des tifs en + en écrivant "adjectifés", pour tout emmêler.. après on cherche les nœuds, on perd du temps, on s’énerve et voilà.)
17.02.16 18:46 par EPONINE52