Les livres dans ma vie
Enfant, je rêvai que la maison n'avait pour murs que des livres empilés, labyrinthiques.
Adolescente, mon maigre budget réduisit ce rêve à quelques étagères. Je dépeçai mes favoris à force de relectures, il en tomba des chapitres entiers, décollés par mon insatiabilité.
Puis je fis mes classes sur les planches et proférai Shakespeare. Comme toute une armada d'histrions, je devins caisse de résonance pour des âmes mortes.
La solitude advint pour élever ma fille. Je boudai livres de chevet et bouquinistes. Je portai la lettre écarlate sur mon sein gonflé de lait et n'eus foi qu'en l'action, la lessive et les biscuits. Mais la bibliothèque locale fut plumée de son rayon jeunesse, plume après plume, pour ma petite.
Je rangeai Dostoïevski, Tom Jones ; je ne fus plus Candide et les philosophes prirent mon cœur. Bible, Islam, Kabbale, tout y passa. Je cherchai l'envers et l'endroit, cultivai mon jardin, passai l'œuvre au noir de mon désarroi, me heurtai à l'insoutenable légèreté de l'être.
Je rouvris mon Tolkien en lambeaux pour le lire à ma fille, les dimanches de pluie.
Il manque encore sur l'étagère un livre. L'écrire pour respirer. Ne plus être une femme avec personne dedans.
En faire un vrai livre du rire et de l’oubli.
Pour mes enfants, la clé de leurs origines. Quelques lucioles dans leur nuit orpheline.
Présentation en bonne et due forme :
Née en Angleterre.
Quelques publications (nouvelles et poèmes) un scénario de court métrage.
Vit dans le Sud-Ouest.
Déteste les salades en tous genres, sauf dans l'assiette, mais aime le cinéma, déteste laver son linge sale en famille, aime les contes de sa grand-mère, déteste sauter plus haut que ses genoux, aime les inventaires improbables, les petits bonheurs du jour, et déteste ramener la couverture à soi.
19.07.16 19:00 par Claire Obscur