Claire Obscur Admin
Date d'inscription : 10/01/2016
| | 1er pas dans le métal et la pierre. | |
Fleur d'amour : 1ère sculpture en marbre de Carrare? Désolée à l'époque je ne prenais pas beaucoup de photos. Je crois qu'à voir la qualité de celle-ci vous comprenez pourquoi. et je n'ai plus que celle-là. Première sculpture métal.
Par la suite je fis de vrais bouquets, vase y compris
La première matière brute Le deuxième, la même mais doucement colorée à la flamme du chalumeau. un petit plaisir que je ne refuse pas.... selon le métal, son épaisseur aussi, il faut jouer de prudence et de patience pour obtenir les couleurs que l'on veut. J'adore !
Et bien sûr ma petite anecdote. Ce n'est pas pour autant que j'ai laissé le bois, mais au bout de 6 ans, j'ai commencé à avoir la"démangite" pour d'autres matériaux. En fait, cela faisait longtemps que je souhaitais sortir du "figuratif" qui semblait me coller à la peau. Le figuratif, certes, de mon point de vue est l'école la plus difficile. Et qui peut le plus peut le moins. c'est donc une excellente école, en technique j'entends, à condition qu'ensuite on sache sortir de ses sentiers battus... S'approprier, apprivoiser une technique au point de laisser ensuite libre court à son imagination pour exploser les carcans des rigueurs d'un matériau par exemple. s'autoriser à penser différemment et donner à son esprit la possibilité de reprendre les rênes sur la raison, celle -à même que l'on a dû suivre scrupuleusement, et laisser seulement la mémoire des gestes se mettre au service de l'esprit et non le contraire, l’imagination s’invite à votre porte. Mais pour l’heure, il m'était impossible de "voir" autrement, prisonnière d'une technique amalgamée au support. En fait je réalise que j'avais fait le même parcours bien des années auparavant avec la peinture. Je suis restée longtemps, une dizaine d'année en vérité, ancrée dans la peinture à l'huile, , touchant parallèlement au pastel, fusain, sanguine et autres matières qui ont du "corps", selon mon point de vue. Je n'étais pas attirée par l'aquarelle, les couleurs, les rendus, ne me séduisaient pas. l'acrylique pas davantage. Mes idées avaient les couleurs de ses huiles sombres des grands peintres comme Rembrandt et Rubens que je chérissais. Jusqu'au jour où j'ai découvert l'exposition des aquarelles de Georges Lucet, et là, j'ai été saisie par cette façon qu'il avait d'interpréter avec ce regard bien à lui... J'en avais marre de mes peintures strictement figuratives, j'avais envie de créer, d'arrêter de faire ce que je voyais et de divaguer, et cet homme-là me montrait enfin quelque chose de différent. Je m'y essayais sous quelques conseils de mon époux, qui s'y adonnait depuis quelques temps. Élève impossible, il fait ce qu'il faisait toujours, il m'abandonna à mes expériences, riant sous cape.. lui aussi avait peint à l'huile, avec un pinceau à trois poils, il mettait des mois, tranquille, moi je me levais un matin, et le lendemain à 4 h du matin, en ayant oublié de boire et de manger, il était fini... et pas bâclé du tout... s'il n'avait eu aucune difficulté de passer e l'huile à l'aquarelle, ce ne fut pas mon cas, et les feuilles volèrent très souvent à travers la pièce. Bien sûr je n'étais nullement satisfaite et je me trouvais le culot de prendre rendez-vous avec LUCET en emportant ma production sous le bras... Tout compte fait il analysa très bien ce que je soupçonnais. Ma technique commençait à venir et le plus important était la transparence et la lumière que je laissais vivre dans le jeu de l'eau. À ses yeux rien n'est plus désastreux qu'une aquarelle gouachée, et j'étais ravie de l'entendre. Alors il a dit à mon époux, "il faut l'encourager, elle est sur le bon chemin, ce sont de très bons débuts et il y a déjà du caractère, il faut juste persévérer" et, il s'adressa à moi et me dit cette phrase magique, "APPRENDRE à VOIR AUTREMENT" regardez les paysages, VOYEZ-les en AQUARELLE avant de les peindre, le jour où vous verrez votre paysage "aquarellisé", votre niveau vous garantira de la peindre. J'étais repartie gonflée à bloc. je crois bien que je n'ai pas parlé durant tout le trajet du retour... Ce qui est tout à fait inhabituel. Je m'appris donc à regarder, regarder, et regarder encore, en pestant et tempêtant parce que je ne voyais pas "aquarelle", que je commençais à comprendre que pour faire autrement, il fallait "voir" autrement.. Un jour, miracle. Alors que je regardais au dehors un paysage de brume, je l'ai "vu "aquarelle". Ce furent là peut-être, les premiers pas vers un autre moi, un moi qui joua avec une eau libre et des couleurs lumineuses. Mon caractère même en fut changé. peut-être vous n'allez pas me croire mais ma grande tendance introvertie en fut bouleversée, et en quelques mois je me surpris à virer légèrement extravertie. C'est sans doute grâce à ce chemin que quelques années plus tard, j'osais m'adonner à la sculpture, tout en reproduisant exactement le même schéma cloisonné lors de ma période d'apprenti sage mais impétueux. Tout comme l'aquarelle m'avait appris à voir autrement, il me fallut laisser le bois pour arriver à sortir du figuratif. Mais là encore, je ne l'ai réalisé qu'après et si j'ai bien réalisé que le bois m'avait enfermée dans le figuratif, c'est en écrivant ce que j'écris aujourd'hui que je me rends compte que l'huile m'avait emprisonnée de la même manière dans un art figuratif précis et fidèle, ne laissant aucune place à l'imagination. Mais pourtant c’est en allant dans cette prison là, que certainement j'arrivais à m’évader d’autre choses… Et j’ai aimé la peinture à l’huile, tout comme j’ai adoré la sculpture sur bois..J'ai découvert cependant comment sortir du carcan figuratif strict, par le plus grand des hasards. Enfin, si l'on considère que le hasard peut exister, puisque j'aspirais à ce moment là, et depuis un temps que je commençais à trouver long, à m'envoler vers d'autres formes. C'est une amie qui travaillait la pierre (matériau qui ne m'attirait pas le moins du monde, tiens, tiens, comme l’aquarelle non ?) qui est venu me demander mon aide pour un projet qu'elle devait réaliser en concours…Pour aller plus vite, et retrouver les conditions qui lui étaient imposées, nous prîmes un morceau de béton cellulaire pour faire une maquette. Berk, le béton cellulaire m'horripile et me hérisse, et cependant je me surpris à proposer le plus naturellement du monde un modèle qui n'avait rien à voir avec le figuratif... Le déclic s'était fait. Je compris que si je voulais réussir à sortir de mes schémas coutumiers, il me faudrait sortir de la matière habituelle. Je me procurais une plaque de marbre et commençais à tailler un figuratif stylisé... d'accord il y a toujours ce côté figuratif, oui mais stylisé... et j'aime ça... le stylisé, c’est la tête dans les étoiles, et le figuratif, les racines, les pieds sur terre… ça me rassure, parce que je m’envolerai vite sans revenir, je crois. Et puis j’y pensais depuis si longtemps ! En même temps, le hasard, de plus en plus mignon, plaça sur ma route un sculpteur sur métal qui m'apprit d'abord à voir les ouvrages en métal comme une autre forme d'art génial... bien que pour moi la sculpture soit un concept de "tailler dedans" , alors que le métal serait plutôt du "modelage" ou du « formage » ne méritant pas le nom de sculpture, et que l'idée me rebutait, je commençais à m'y intéresser. Et je crois que mes yeux qui devaient d'abord apprivoiser cette idée et ces nouveaux concepts, le firent, j'en suis sûre à mon insu. Et je me suis éclatée ! Sous les conseils avisés de mon ami, je fis mes premiers pas en soudure. Je n’y connaissais goutte, ni en chalumeau ni en baguette d’apport pour la soudure à l’arc. Et aussi débile et honteux que cela paraisse, je ne sais toujours pas braser… Grmmmmbl ! Soudeurs, pas s’moquer SVP. Je crois bien que mon ami, qui avait une patience d’ange (et qui s'appelait Arcange), en vit aussi de toutes les couleurs, car je n’aime pas apprendre pour apprendre. Il me faut du concret, un projet, de quoi apprendre dans la passion. Jamais je n’aurais pu apprendre le solfège avant de jouer. Aussi s’est-il arraché les cheveux en faisant des bonds de 3 mètres en répétant, « mais c’est pas possible, c’est pas possible, tu vas me faire tourner en bourrique. » Je le mettais un peu en colère, mais je m’obstinais et il continuait à me montrer de temps en temps… Il nous a quittés en 2010, il me manque tellement. Et je vous engage à aller voir son site. ICI Ainsi, pratiquement simultanément, mon âme s'ouvrit à d'autres mondes. Car c'est bien la sensation de toucher d'autres mondes que je ressens lorsque je passe d'un matériau à l'autre. C'est donc avec une plaque de marbre et quelques petits bouts de tôle que je commençai à voyager dans ces autres univers avec d’autres bagages ! Si le bois reste mes premières amours, et si j'y suis revenue moult fois, le mêlant ensuite aux autres supports, et cette fois-ci l'agençant hors figuratif strict, ce fut du pur bonheur de prendre contact avec la pierre… Plus tard je partis plusieurs semaines à Carrare pour y apprendre la technique, et je m’aperçus que j’avais plutôt été téméraire dans le choix de cette simple plaque de marbre pour ma première sculpture… Mais je l’avais fait en toute ignorance, inconsciente que je frôlais la casse à chaque instant. Même pas peur, puisque par la suite j’y revins aussi mais avec bien plus de prudence. Je peux vous dire que je suis littéralement tombée amoureuse du marbre de carrare. Serez-vous étonnés si je vous affirme que le marbre blanc de Carrare et de Grèce, et le marbre noir de Belgique et d'Espagne sont mes préférés ? Quoi qu’il en soit, cette première sculpture de marbre emporta un franc succès lors de ma première expo personnelle en Maurienne, ou 3 couples voulurent se porter acquéreurs. Je la vis partir avec un certain pincement au cœur. Mais le couple qui l’avait emportée m’avait si bien parlé de sa maison et de la petite niche en pierre éclairée du salon qui la réceptionnerait, que je la laissais partir… Ils m’avaient fait « voir » autrement ! Et ils avaient l’air si amoureux de cette sculpture… Mais comme tout ce que je fais, sauf si c’est dans l’idée de le faire pour m’en séparer, j’ai du mal à lâcher… hé !
Dernière édition par Claire Obscur le 07.08.16 18:49, édité 1 fois |
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04.08.16 15:00 par Claire Obscur