Claire Obscur Admin
Date d'inscription : 10/01/2016
| | L'Étoile Natale 4 | |
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Quant à la Terre, Dame Nature est maintenant avec Elle, et puis nos créatures seront là pour jardiner ce grand terrain que je leur donne, ils se chargeront de la nettoyer, la labourer pour l’aérer, la sarcler, l’ensemencer, et l’aimer. La sueur qui tombera de leur labeur, abreuvera la Grande Mère et la réjouira. Ce sont eux maintenant qui doivent retenir toute ton attention ». Mon nouveau travail me ravit… Je veillais à donner des écorces différentes de chaque branche d’Amour à tous ces êtres nouveaux, tel que me l’avait indiqué Le Grand Univers. Je remarquais aussi que souvent, alors que les autres espèces le faisaient pour renifler leur proie ou le danger, je voyais mes nouveaux protégés s’arrêter, regarder le paysage, et humer à pleines narines l’air pur que la Terre fabriquait… À l’aube de leurs journées, ils se levaient pour accomplir le rituel matinal. Se tenant face au soleil levant, debout bras écartés, la tête levée, le regard embrassant l’horizon et le ciel, ils prenaient une profonde inspiration, et avec un grand sourire, accompagnaient de leurs mains ce geste de respirer. Cette façon de se saisir des beautés de la Terre, presque comme un cérémonial pour dire bonjour et merci à ce nouveau jour et « prendre » littéralement ce plaisir de vivre en l’aspirant, en le dégustant, à travers leurs narines, leurs poumons, leur sang, avec leurs mains et leur nez, me firent les appeler les Hume-mains. La Terre prenait cet Inspir matinal comme une offrande et elle ne cessait de prodiguer de nouvelles baies délicieuses. J’ai tellement aimé les voir migrer, chercher ou fuir le soleil aux différentes saisons, parcourir la Terre et se nourrir avec parcimonie des bienfaits de la planète. Tour à tour cueilleurs de baies, chasseurs, pêcheurs, ils le faisaient toujours en pensant à l’offrande qu’ils laisseraient en signe de reconnaissance. Ils étaient peu nombreux et La Terre avec qui nous échangions encore des pensées tendres, me confiait souvent qu’elle était ravie. Mais, rapidement, ils se multiplièrent, l’Amour fut détrôné par la jalousie. La jalousie entraîna le désir de vengeance et la méchanceté. Lorsque le premier hume-main tua son frère, je pleurai beaucoup, déversant sur la Terre mon amie, une pluie dense, comme pour la laver plus fort encore, comme jamais elle ne l’avait été par le passé. Les choses allaient de mal en pis… Plus il y avait d’hume-mains, plus l’amour était difficile à planter et à faire pousser… Alors, là où les graines d’amour prenaient, je restais, veillant à les arroser, veillant à les faire pousser. Et je fis ce que mon maître avait fait… Je déléguais. Choisissant les hume-mains qui semblaient disposés à m’aider, je les formai dans l’ampleur de la tâche… Ceux qui avaient compris l’Amour, sauraient peut-être mieux que moi le transmettre à leurs semblables. Ils sauraient. Oui, je l’espérais. Je n’abandonnais pas pour autant, allant dans les lieux sordides, essayant de parler aux cœurs vides pour qu’ils ne se remplissent pas de n’importe quoi. Toutefois, malgré la multiplication des messagers d’Amour, les Hume-mains perdirent de plus en plus celui qu’ils avaient porté à leur Terre-Mère. Seules quelques poignées éparpillées de ci, de là, continuaient de saluer la Terre au matin, de la remercier, et de l’honorer en la soignant. Toutes les pensées honorables et respectueuses semblaient s’embourber dans la cupidité, l’envie et l’irrespect des uns envers les autres. Mon cœur était lourd. Un jour, j’aperçus la pire des choses, que même dans mes jours les plus ombreux, je n’aurais pu imaginer. Lorsque je le découvris, bouleversée, je partis explorer les renfoncements de la Terre. Je portais mes regards aux quatre coins de l’horizon, fouillant les encoignures sombres, entrant dans les chaumières, craignant de trouver cette chose affreuse ailleurs. Dans ma candeur, je n’avais pas pu la voir, aveuglée par la confiance de ce en quoi je croyais. Ce jour-là, revisitant dans mon cœur les nombreux signes que j’aurais dû apercevoir, pensant aussi à tout le reste, ce reste qui m’avait fait pleurer bien souvent, je fus horrifiée. Je crois que durant un temps, j’abandonnais mon poste, en proie à un choc violent… Je sentis mes lumières s’éteindre, mon Amour diminuer. Je venais de découvrir que les Hume-mains avaient réussi… à donner la vie sans amour. Oui, les hume-mains savaient faire ce qu’il fallait pour créer la vie d’un petit être, sans s’aimer et sans l’aimer parfois. Ils appelaient cela : faire l’amour. Cette découverte me terrassa. Ignominie fut le mot qui hurla dans mon esprit. Je m’enfuis.
Dernière édition par Claire Obscur le 18.02.16 15:13, édité 2 fois |
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12.02.16 18:49 par EPONINE52