Claire Obscur Admin
Date d'inscription : 10/01/2016
| | Souffrance intérieure, la sculpture et anecdote. | |
Souffrance Intérieur (les voir en grand clic droit >afficher l'image)Souffrance Intérieure Sculpture : bois marronnier S[size=13]ylvie-Shamballa Claudepierre 1992[/size] Si on la dépliait elle ferait environ 156 cm...Cette sculpture a été la première que j'ai osé exposer. C’est seulement après celle-ci que j’ai exposé les autres. C'est aussi la première sculpture qui m'a procuré un sentiment de satisfaction. Surtout que j'étais allée à l'encontre des conseils des pros... sur deux points... D'une part, je l'ai poncée à mort, (2 mois, 8 h /jour entièrement à la main, je n'avais plus de bout de doigt, plus d'ongle à la fin, enfin même si j'exagère un peu, mes doigts étaient dans un piteux état... je ne mettais pas de gants, j'ai horreur de ça, et puis j'étais passionnée au point de ne même pas m'apercevoir de mon état, ou ne pas en faire grand cas) mais c'était l'époque de la grande vague de l'art brut, et donc dans l'amalgame, on prônait aussi le brut de gouge... Moi je la voulais lisse et douce comme de la soie, je la voulais travaillée au point de sentir les petites courbures des petits muscles en la caressant... pas question de la laisser brute de gouge.On prônait aussi qu'une œuvre devait parler d'elle-même, (on le dit toujours dans le "milieu de l'art") aussi, m'avait-on fortement déconseillé de l'exposer avec son poème, si je voulais espérer un prix... Ben oui, mais moi c'était hors de question, l'une n'allait pas sans l'autre. Prix ou pas prix. Il se trouve que cette toute première exposition s'est vue primée du premier prix de poésie et du prix Marceau Gattaz pour la sculpture... Elle a fait de nombreux salons, et chaque fois a remporté le premier prix...ensuite j'ai récidivé en exposant pratiquement tout le temps mes sculptures assorties de leur poésie. j'ai mis 9 mois à la faire, avant je m'étais exercée à la tronçonneuse sur "le secret de la vague", "la poire" du concours que je n'ai plus, "au clair de la lune" et "le puits au souhaits" précédemment présentées dans le forum, et en fait, à la même période j'en avais quatre en route, et j'ai terminé celle-ci légèrement avant le puits au souhaits... Dans les premières années je faisais entre 9 et 12 sculptures par an. Ne sculptant que peu en hiver et énormément de mai à novembre quand le temps n'était pas trop pourri... car je sculptais dehors, en plein soleil. Je pouvais commencer à 9 h du mat et ne m'arrêter qu'à la tombée du jour, sauf bien sûr quand les enfants étaient encore petits, je m'arrêtais vers 18h.30...J'ai toujours adoré sculpter... de toutes les disciplines auxquelles je me suis essayée en parfaite autodidacte, la sculpture est celle qui m'a le plus transportée. Sans mentir, j'avais l'impression de toucher l'Univers...Un jour j'exposais dans un petit village de montagne au dessus de Voreppe, au moment du repas, où nous étions conviés, la personne qui gardait la salle vient me chercher complètement affolée... "Venez, venez vite, il y a un monsieur qui veut absolument vous voir"... j'ai bien failli lui dire que j'avais faim, et qu'on ne me garderait pas mon assiette ! Mais je l'ai suivie... Arrivée devant la statue, je m' attendais à tout, sauf à me faire engueuler comme du pot pourri... c'est pourtant ce qui est arrivé.-Comment, me disait le monsieur qui ne m'en laissait pas placer une, comment osez-vous montrer une sculpture pareille, (je m suis dit, ça y est un prude...) mais plus ça allait plus il criait, et plus je comprenais qu'il ne s'agissait pas de pudeur, moins je comprenais de quoi il s'agissait... l'homme était confus...En fait, au bout d'un long moment je commençais à comprendre que cette sculpture le faisait souffrir... En fait l'homme se revoyait en prison, prostré dans la même position... Il me raconta ses ressentis, sa peine... et moi je ne savais plus que faire, tant je me sentais coupable de l'avoir ainsi remué en lui-même... Il pleurait... À un moment j'ai essayé de lui dire qu'il fallait lire le poème et que la fin montrait que... j'ai cru qu'il allait me sauter dessus... il avait de grands gestes... et de grands cris, si bien que le raffut avait fait quitter la table à plusieurs exposants (qui était placée au loin, dehors sous une tonnelle,) pour venir voir ce qui se passait...Il m'a répondu en hurlant que le poème il s'en foutait... et puis c'est là qu'il a commencé à se calmer et à me raconter... Je le revois encore, et mon cœur éprouve toujours la même douleur de l'avoir fait souffrir... Mais ce n'est pas tout...Ma mère.Ma maman n'a jamais fait attention à ce que je faisais dans mes délires artistiques... Je ne sais pas pourquoi, pendant très longtemps elle ne voulait pas jeter un regard seulement à mes dessins ou mes sculptures... et alors quand elle a su que je faisais du théâtre, je vous raconte pas... Elle s'était mis dans la tête que c'était un don diabolique ou je ne sais quoi, et que je devais arrêter de faire ces choses...j'avais l'impression d'être le vilain petit canard qui irait en enfer... pourtant je savais que ma mère m'aimait... et puis un jour ses amies sont venues me voir jouer dans une pièce... je ne sais pas si c'est ça, ou si c'est réellement la sculpture qui a fini par changer son regard... Mais peu de temps après, elle rentre chez moi, s'arrête devant ma "souffrance intérieure" (palpitation de mon cœur, je m'attendais au pire vu ce qui m'était arrivé avec le monsieur) et là elle se retourne et me dit..- Tu ne va pas la laisser souffrir comme ça ? C'est beau, hein ?Je ne peux pas vous dire la gifle que j'ai cru recevoir... Mais j'avais gagné, elle avait regardé pour la première fois ce que je faisais, elle regarderait le reste... J'avais plus qu'à penser à faire relever ma sculpture... Voilà... Merci de m'avoir lue... Le poème se trouve icihttps://voyagination.forumactif.org/t194-souffrance-interieure#1643petite explication technique due au com de Luky qui a pris cette sculpture pour de la pierre.. (en fait j'avais bien mis le matériau utilisé sous la sculpture, mais je comprends que cela passe inaperçu tant l'effet "pierre" a été remarqué de nombreuses fois dans les expositions. Houps, Luky, c'est du marronnier ! C'est que j'ai sculpté un marronnier qui était plein de stries, et les grandes stries que tu vois dans le dos, sont des stries de "phillipeau"...on appelle ça comme ça, dans le jargon, (mais je ne sais pas son orthographe, malgré mes recherches.) Ce sont des tranches de bois, tranchée dans le même sens, que l'on coupe dans le même bois que l'on a réservé... Le bois est une matière vivante. Quand on le sculpte il peut fendre en été, et se resserrer en hiver. C'est pourquoi il est parfois délicat de ne pas trop mettre de tranche de philippeau pour réparer les fentes occasionnés par le climat, car en se resserrant sur le philppeau elle peut éclater ou accentuer l'espace côté coeur. il est peu recommandé de les exposer longtemps dans des lieux trop différents en température, si le travail n'a pas été fait ou mal fait... l'une des techniques qui consiste à éviter ce désastre et de sculpter "hors coeur", ou de creuser l'intérieur d'une sculpture en le remplissant d'huile de lin qui accélère le séchage et nourri le bois... c'est un gros travail... une sculpture se pense avant de se faire... Bon tu m'as donné l'occasion d'expliquer l'une des principales choses à savoir avant de se lancer dans la sculpture... je vais compléter mon articles dans le post de "Souffrance Intérieure" Sculpture... Merci Luky pour ton com.
Dernière édition par Claire Obscur le 03.08.16 18:19, édité 3 fois |
|
13.03.16 14:42 par Vividecateri