Les Mots Z’Arts Voyageurs (Voyagination)

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 Soizig Kergouriou

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Tsu

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Date d'inscription : 31/01/2017

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11112017
MessageSoizig Kergouriou

[size=32]Soizig Kergouriou[/size]
(...vous nourrit )

Que les choses soient claires, je vous le dit moi, il n'est pas né celui qui me fera quitter la Bretagne. Ici, c'est mon monde, mon vent, ma pluie, ma lande, mes menhirs… J'ai toujours été là, et j'y serai toujours.

Bref, ce matin, c'est un début de journée comme je les aime, au moins un temps qui ressemble à quelque chose, qui a du caractère. J'ouvre la fenêtre pour que le léger crachin qui a fait notre légende soit sur moi, comme une bénédiction matinale. Je vis, je respire, je prends ma dose de bien-être. Les choses peuvent être si simple en réalité, pourquoi ils nous bassinent avec leur soleil, leur séjour à moitié prix là-bas loin d'ici alors qu'une bonne odeur de café et quelques crêpes sont un don des dieux, et que c'est ici qu'on le trouve.

Je ne vois pas la mer de ma fenêtre, mais je l'entends, je sens sa présence, elle m'accompagne quand je prends le chemin qui rejoint la route principale. Là, dans le hangar, il y a ma voiture, mon vélo, et il me sert aussi d'entrepôt en quelque sorte.

Vous avez déjà vu une fille dans le vent ? Et bien, c'est ce que je suis là, je file sur mon vélo avec mes bottes jaune et mon ciré et j'adore çà. J'en ai pour dix minutes. Moi, Soizig Kergouriou, trente deux ans, je suis la créature qui fera rêver vos papilles, qui vous fera croire à un miracle permanent quand vous franchirez la porte de mon restaurant. Ça fait une semaine que je l'ai ouvert, et ce n'est pas pour me vanter mais çà fait une semaine que je refuse du monde. Alors, là aussi, que les choses soient claires et précises, chez «  Soizig vous nourrit », on mange breton. C'est ce que j'aime appeler un Resto-Crêperie. Oui, certains ouvrent des crêperies, d'autres des restos, et bien moi j'ai ouvert un resto-crêperie. La déco, est bretonne, la musique est bretonne, alors soyez sûr que vraiment, non !!! Il n'est pas né celui qui me fera quitter la Bretagne.

J'ai eu de la chance en plus, il ne restait qu'un fond de commerce qui faisait rustique, murs en pierres, deux pièces importantes avec chacune un cheminée, qui fonctionne. Non, vraiment, je suis dans mon élément, je suis bien, les gens sont contents, pas la peine de tourner autour du pot, je réalise mon rêve. On est cinq à bosser, un crêpier, un cuisinier et les deux serveurs, enfin un serveur et une serveuse en réalité, en plus de moi.

Mais aujourd'hui, c'est un peu particulier, y a un journaliste qui vient, ils sont deux d'ailleurs, y a aussi le photographe. Donc, comme en plus c'est mardi, il n'y a que le service du soir. Et ce n'est pas pour le journal du coin, non, je ne sais même plus le nom, un truc d'un autre pays qui fait des reportages sur les différentes régions et leurs spécificités à travers le monde. Ha ! Oui, heureusement, je viens d'avoir un flash, c'est un journal du Maroc. Bon, je le sais, c'est déjà çà, au moins je ne ferai pas de bourde. En tous les cas, qu'il ne vienne pas me faire de remarque sur les nuages, le froid ou la pluie sinon je lui lance une crêpe sur la tête, ou un poisson…

Pas la peine de te prendre la tête avec çà, ma Soize, de toute manière on ne peut pas dire que les cars de touristes marocains sont légions. Je vais mettre un CD de Rachid Taha, tiens, pour le mettre à l'aise !! Mais, non, je déconne, ici la musique est bretonne. Quoi, on a pas le droit de rire !!!

Je mets deux, trois bûches dans la cheminée, c'est vrai qu'il fait plus froid à l'intérieur que dehors, et puis on est en Novembre quand même, donc pas besoin de parasol. Je me demande bien ce qu'il va me poser comme questions. Zut, suis-je bête, je pense et je dis : « il » et si ça se trouve c'est une femme. C'est vrai qu'au téléphone, on m'a dit : « notre journaliste » et moi, comme une cruche, j'ai tout de suite pensé à un homme, mon coté hétéro sans doute. Dommage que ce n 'est pas la télévision, ça aurait été marrant. Enfin, çà donnera peut-être des envies de reportages aux autres, ils font des fois des sujets sur les trucs de terroirs le midi. Enfin, je dis çà mais je n'ai plus vraiment le temps de regarder la télé.

Ce que j'aime c'est ce moment précis, quand je suis toute seule, je me sers un café, je me mets à une table, et pendant dix minutes, je ne fais rien, j'hume l'esprit de mon établissement avant que les autres n'arrivent, que le téléphone se mette à sonner, avant que les premiers clients n'entrent et avec pour certains d'entre eux, l'espoir qu'il y ait encore des tables de libres parce qu'ils n'ont pas réservé. L'idée même, alors je sais que pour certains c'est comme qui dirait une hérésie, que je vais être là pendant des années, me rend plus sereine.

Pour le moment, j'attends mes journalistes et comme je suis sympa, j'ai fait des crêpes, un peu de café. J'ai même poussé le zèle jusqu'à préparer du thé… je suis une perle en fait. Ha voilà, le téléphone vibre, ils arrivent.
Normalement, tout devait se passer comme sur des roulettes, c'est vrai quoi, quoi de plus banale qu'une interview, y en avait pour une demi-heure, on buvait un café, ils partaient, aillaient me faire parvenir leur journal pour que je vois ce qu'ils avaient écrit et l'histoire était finie. Oui, y avait pas de soucis…. Non ! Seulement, voilà, y a cet imbécile d'inattendu qui s'est fait un malin plaisir de débarquer. Et pour moi, Soizig Kergouriou, l'inattendu à ouvert la porte, et ses yeux sombres ont croisé les miens. Je vous demande de ne pas rire mais j'ai fait comme dans les films, quand j'ai vu son visage, j'ai laissé tomber ma tasse, vide heureusement, et lui il est resté planté dans l'encadrement de la porte. Une vraie statue. C'est pour vous dire, je ne sais même plus qui de nous deux a parlé en premier.

Abdeslam, le serviteur de la paix, je le sais, j'ai vérifié sur internet. Voilà, maintenant vous savez que finalement il est bien né celui qui m'a fait quitter le Bretagne, et pour le soleil en plus. J'ai gardé mon resto-crêperie, mais c'est Yvon, le cuisinier qui gère, nous, on vient une fois tous les deux mois prendre des nouvelles. Et du coup, j'ai ouvert un deuxième resto-crêperie, ici au Maroc…..

Mais que les choses soient claires, ici, il n'y a que de la musique bretonne !!!!

D.C
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