Claire Obscur Admin
Date d'inscription : 10/01/2016
| | Le point de non-retour. | |
Voilà, c’est le point de non-retour. FFFF ! Va encore falloir que je lorgne par ce petit trou. Nous sommes toutes sur la ligne de départ. On a parcouru tant d’épreuves pour en arriver jusque-là. On ne va pas flancher maintenant. Dans quelques minutes, il faudra coller son œil sur le trou de la serrure. Certaines d’entre-nous disent qu’on sera séparées, que beaucoup ne se reverront plus avant longtemps. Ou alors, il faudrait un miracle pour que l’on soit au même endroit, en grand nombre. Cependant, selon nos parcours précédents et notre score du moment, certaines d’entre nous sont liées par la volonté du Go et se retrouveront. Avant de scruter par le trou, on se regarde une dernière fois. Puis on ferme notre unique œil pour essayer d’influencer le GO dans ses choix, en pensant très fort à celles ou ceux que l’on aimerait retrouver. J’ai pas tout compris, mais à un moment donné il y a du changement. « Celle » peut devenir « celui ». Ne m’en demandez pas plus… Influencer le Go, on peut toujours essayer, ça ne coûte rien. Le Go, c’est le Grand Ordonnateur. C’est lui qui décide de tout. Moi, j’ai oublié combien de fois j’ai dû repasser le test, combien j’en ai réussi, et combien de fois j’ai accédé au niveau supérieur. Donc combien de fois je me suis retrouvée là. De toute façon, il paraît, parce que c’est ce qu’on dit ici en catimini, puisqu’on ne se souvient plus de rien, que justement, après le coup d’œil dans le trou de serrure, on aura qu’un bref instant pour jouir d’un kaléidoscope intégral sur tout ce qui nous concerne depuis le début. Notre début. Puis après… Ce sera le trou noir… C’est le cas de le dire ! Pourtant, on nous a donné une clef : l’ESPOIR ! Il faut s’en servir, nous a-t-on dit ! Il joue même un grand rôle dans le jeu. À nous de le développer, de l’exploiter, et surtout de savoir le montrer. Il paraît que le fait de s’en servir, nous fait nous battre d’une façon différente, ce qui, normalement, est sensé aussi démontrer que nous savons nous en servir. C’est ce que nous ont dit les Ko. Les Ko, ce sont les "kiloporteurs" du Go. Des rapporteurs en quelque sorte, de nos scores et autres caractéristiques nous concernant. Sauf que nous sommes plusieurs à soupçonner que certains Ko ont le vice au corps… Il y a beaucoup de signes qui nous amènent à croire que l’espoir n’est là que pour décevoir. Certaines d’entre nous en ont conclu que tous les espoirs ne sont pas bons à avoir… Choisir dans quoi on va mettre son espoir semble être une clef majeure. L’autre enjeu consiste à ne perdre aucune des nombreuses clefs du trousseau. Ne pas perdre ses clefs… Je ne sais pas pourquoi, je n’arrive pas à être convaincue que je vais y arriver. Ici, nous n’avons pas de cordon pour le mettre autour du cou. Herk ! Ce ne serait pas vraiment génial de commencer, d’emblée, par s’étrangler avec. Bref, il faut que l’on poursuive. C’est vraiment difficile. Certaines ont partagé quelques effusions et des promesses qu’elles espèrent (bon ou mauvais espoir ?) pouvoir réaliser. Il y a eu des déchirements à fendre l’âme, mais le jeu, c’est le jeu. Recommencer à zéro n’est pas envisageable. Quoique, quelques-unes, arrivées à ce stade, perdent la foi en ayant les foies (je rigole) et préfèrent renoncer. Cependant, il y a les teigneuses… Si le hasard venait à nous destiner le même trou de serrure, il faudrait lutter ou ruser pour gagner. Quand il manque un trou de serrure, elles prennent place d’office dans celui qui est le plus proche. Elles sont là, et parfois, elles cachent bien leur jeu. On leur donnerait le bon dieu sans confession, mais ce sont des diablesses. Il faut faire avec, on nous a dit que c’était pour nous aguerrir et voir si on était capables de résister à la tentation de devenir comme elles. Heureusement, il y a des teigneuses avec un bon fond. Elles ne sont teigneuses que pour survivre. Des petits murmures discrets circulent depuis quelque temps. Voilà ce qui se dit. « La suite est terrible, vraiment difficile, et nous allons obligatoirement perdre des clefs qu’il nous faudra retrouver. Il paraît que nous allons être mis dans une ampoule, parce que nous sommes comme une lumière. Un ESPOIR attendu et chéri. Normalement, dans l’ampoule, on sera seul. Puis après on aura un autre trou de serrure à disposition. Mais là, on ne pourra plus choisir ce que l’on veut voir… Non, le choix, c’est maintenant, devant ce premier trou de serrure, qu’on doit le faire. » Voilà, Glup ! Je ne sais pas d’où viennent ces informations, mais ça fiche les chocottes. Toutefois, maintenant qu’on est là, on ne va pas reculer ! Non, non, non ! Allez courage. Le départ est donné. Nous avançons d’un souffle. Je colle mon œil. Ouaouh ! Focus - Univers. Étoiles. Planètes. D’instinct, je prends la bleue. Elle est belle. Ça donne vraiment envie. Focus - Époque. Région. Habitants : cailloux, végétaux, animaux. J’étudie. - Caillou, non - Végétal, non - Animal, peut-être… Zoom puissant et étude approfondie… Ça y est le kaléidoscope s’est mis en marche. Je me rappelle. J’ai DÉJÀ ÉTÉ ! Voyons voir : un hêtre - un protozoaire – un… Non ? Un dinosaure ! - une panthère - un singe, et… une fille ! Focus. Pas que. - Un garçon - une fille encore. Là, je me vois adulte. Plusieurs vies m’apparaissent. Il faut que je continue mes leçons. C’est ce qui apparaît en gros caractères gras dans le kaléidoscope. Puis arrive la liste de tout ce que je dois acquérir. J’ai le choix. Des petites ampoules éteintes, comme des petites serrures, sont placées devant les choix déjà combinés, ou à faire à l’aide de petites clefs associées aux éléments de la liste et à l’ampoule. C’est seulement maintenant que je réalise combien les formes des ampoules et des serrures sont similaires. Mentalement, je crée l’ampoule qui me convient et je la désigne à haute voix. Puis je dis « que la lumière soit » Ce sera mon dernier mot, (ou le premier, c’est selon le point de vue). La petite ampoule-trou-de-serrure s’allume et me happe. Je passe par un tunnel. Branle bas de combat. J’ai l’impression de me noyer, ballottée comme un navire dans la tempête. Non, ça va, je flotte. C’est la nuit. J’oublie. Mais juste avant d’oublier, j’ai repéré le deuxième minuscule trou de serrure. Celui qui s’ouvrira complètement pour que je puisse voir la lumière et naître. … Le monde est noir… Le monde est sourd. Puis des vibrations… De plus en plus. Des frémissements, des sons, des craquelures* qui laissent filtrer des lueurs. Des voix… Ça y est. J’ai peur, le trou de serrure vient de s’ouvrir… Je vois… Un œil. Qui me regarde… Dessous l’œil, deux trous. Puis, encore en dessous, un gouffre noir plein de rochers, squatté par un monstre rose. Je ne peux pas m’en empêcher, je descends vers lui. - Nooon, j’veux pas !
De l’autre côté, l’antre terrifiant s’ouvre une nouvelle fois pendant que je m’engage dans le culot de l’ampoule… Le tonnerre gronde. Ça me rappelle quand le GO nous criait dessus… J’entends, mais je ne sais pas ce que ça veut dire.
- « Je le vois, je le vois, c’est bien, poussez ! Il arrive… Oh ! c’est une belle petite fille ! » * Ça s’appelle aussi des vergetures… ! |
|
10.03.17 19:28 par Claire Obscur