Et l'eau d'Automne emporte l'été. Aquarelle de ClaireO Après, une Toussaint radieuse, je pourrais représenter novembre comme le creux de l'automne sous une pluie mélancolique et dans des brumes tenaces.
J'ai pensé, en ce jour de novembre, écrire un poème sur le spleen de la saison, comme les poètes romantiques…
Accrochez-vous
Le voici…
Comme une porte ouverte aux coups de l'aquilon.
Novembre a déchainé sa furibonde bise.
Les nuages ont surgi du fond de l'horizon.
Dominant les rivières et les forêts conquises.
Sous le souffle sauvage s'anime la jonchée.
Entrainée par le vent que l'on entend gémir.
Pour aller au hasard, en ultime randonnée.
Combler quelques ravines où elle ira mourir.
Sous les heurts forcenés des bourrasques rageuses,
les roseaux de la berge se couchent sur l'eau vive.
Tandis que la rivière, sous l'averse furieuse,
emporte au fil de l'onde, où tombent belles captives,
les feuilles jaunissantes, aux arbres arrachées.
Les oiseaux sont partis, leur refuge détruit.
Et les troncs dénudés, avares de branchées,
sont remplis de rumeurs, de plaintes et de bruits.
Les buissons, le maquis sont pleins de sifflements.
Et la plaine se terre sous l'ondée qui l'assaille
inondant les sillons où dorment les sarments.
Novembre a revêtu son manteau de grisaille…
STOP!
Pas très gai tout cela…
Vivi! Tu t'égares…
Et si, je me mettais en tête que mon alignement sur un prétendu deuil de la nature n'est pas de mise et si je vous persuadais que nous entrons dans une période porteuse d'espoir?
Restons optimiste!
En ville comme à la campagne, il suffit de regarder autour de soi.Les geais, les écureuils, les mulots, n'en finissent pas de jouer au ramassage et à l'empilement des fruits sauvages que les arbres leur donnent de plus en plus à même le sol. Ils sont si dynamiques, si joyeux, ce sont les acteurs d'une fête qui se déroule sur un tapis jonché des plus abondantes générosités de la nature.
Les feuilles tombées sont encore colorées et font la joie des enfants. Ils les ramassent ou sautent dans les tas aux grand dam du jardinier qui les a rassemblées inutilement.
Elles sont inspectées par des farfouilleurs comme le troglodyte mignon, les accenteurs mouchets ou le rouge-gorge.
En se décomposant dans quelques jours, elles redonneront à la terre de la terre pour la rendre plus riche et plus fertile.
Les bogues toutes piquantes des châtaignes se sont amoncelées couvrant le lit de la forêt ou du parc.
A demi ou aux trois quart ouvertes elles laissent apparaître le brun luisant des fruits farineux sur lesquels se penchent les promeneurs.
Regardez discrètement… Il y a toujours des amoureux bien emmitouflés, qui se bécotent sur les bancs publics.
Et là, sous la mousse…
Des champignons sortent encore. Les pieds de moutons, les trompettes de la mort que je préfère appeler, cornes d'abondance et les lactaires délicieux montrent leur chapeau orangé à l'ombre des pins sylvestres.
En sortant du bois avec mon panier de champignons, je me retournerai et je regarderai sa légère calvitie qui se dessine avec des éclats rougeoyants comme des soleils couchants et des contrastes de jaune tendre et j'irai trottiner sur la terre brumaire fumante, nouvellement façonnée par les labours.
Je respirerai son odeur et je m'amuserai en tapant dans mes mains pour faire fuir les corbeaux mais pas les corneilles.
Voilà c'est mieux…
Et maintenant…
Je vais repeindre l'abri des oiseaux et faire provision de graines…pour décembre.
Carpe diem
Vivi
05.11.16 15:36 par EPONINE52