Lorsque Cassie rentra à la maison, elle alla dans sa chambre pour écrire sa rédaction.
Les encouragements des taties, tontons et papy et les applaudissements
de Lulu et Mehmet ébahis, lui avaient donné plein d’idées, elle ne voulait pas les oublier.
Elle commença par mettre un titre avec une jolie écriture, parce qu’elle adorait écrire en pleins et déliés comme sa maman et ses Taties. Elle sortit le superbe et vieux plumier de papy, et en profita pour se rappeler la joie qu’elle avait eu à découvrir ce cadeau. Epo y avait mis un joli cahier de parchemin bis, Vivi avait mis une grosse bouteille d’encre bleue, Claire avait déniché plusieurs modèles anciens de porte plumes et Léon et son papa lui avait offert un coffret de plumes pour faire de la calligraphie.
Plus tard Sortilège et Véro lui avait offert une panoplie de petits flacons d’encre de toutes les couleurs, et même Mehmet et Lulu s’y étaient mis pour lui fournir deux petits tubes de couleur argent et or… Et Lorsque Cassie se mettait devant son bureau pour faire de jolies pages dans une belle écriture enluminée, elle était aux anges. C’est ainsi qu’elle avait composé des petits panneaux enluminés aux prénoms de chacun d’eux pour qu’ils l’accrochent sur la porte de leur chambre… c’était très joli et tous les invités qui les voyaient en voulait un.
Elle commença.
Les péripéties de mon Automne Aujourd’hui, nous partons en forêt. Il fait beau et c’est chouette. Parce qu’en Automne, des fois, il fait froid, mais aujourd’hui on peut pique-niquer… il y a mon papa, mon papy Roselyne, mes taties, mes tontons et mes cousins.
Alors je chante ma chanson et tout le monde la reprend en chœur.
Houhou, Nous arrivons dans les bois
Les feuilles craquent sous nos pas
Houhou et j’aime, j’aim’ beaucoup ça,
Mais je n’aime pas, non, non, je n’aime pas
Hou, hou, quand les ronds et noirs manteaux des noix
Noircissent tous mes doigts
Et que les châtaignes aux bogues couleur châtain
Se défend’ et s’écrabouill’ en me piquant les mains
Ah j’aim’ j’aim’ j’aim’ l’automne
Ah Ah, haha, j’aime l’odeur de la Terre
Qui s’en va-a-a vers l’hiver
Et les ciels troquant leur bleu azur
Contre du gris souris ou bien en bleu clair
Moucheté de nuage en vrai coton pur
Et j’aime aussi les omelettes
Faite avec les champignons de notre cueillette
Et qu’à la fin des repas se croquent des noisettes
Ah j’aim’ j’aim’ j’aim’ l’automne
Mais ce que j’aime par-dessus tou-out
C’est les habits de l’Automneu
Qui chante des couleurs qui résonneu
D’un vert passé, en jaune à rouille de feu.
On dirait qu’il met des flammes sur ses branches
Avant que vienne neige blanche
C’est peut-être sa façon d’habiller la Terre
Avant qu’elle ne frissonne des frimas de son frère
Oh, j’aim’ j’aim’ j’aim’ l’automne
Mais il faut que je raconte ce qui est arrivé dans la forêt de Sortilège Magique qui est ma tatie… Elle dit toujours que la bas, dans sa « Clairière des Mousses », à côté de l’étang « Mouille », il y a des lutins, des elfes et des fées.
Il paraît que dans ma famille un peu bizarre, il y a des dons qui sont cachés, et que certains d’entre nous arrivent à se transformer… mais moi je l’avais jamais vu, non, non, je l’avais jamais vu avant le jour d’aujourd’hui. Et je les ai vus de mes yeux vus, pendant qu’on pique-niquait et que Lulu racontait ses idées pour essayer de rédiger et que tante Epo fumait le calumet de la paix, tout rempli de la cueillette faite avant manger.
J’ai vu Véro au long cou de girafe croquer les feuilles d’un arbre-Vivi géant.
Et puis Epo avec un nez de lapin blanc
Et ma maman bondir en grenouille
sur Sortilège, le nénuphar de l’étang « Mouille ».
Et puis mon papa qui avait un champi-gnon
Sur son œil au beurre marron,
Qui regardait Méhmet qui disait être prince chevalier
Pour la grenouille que Léon voulait embrasser.
Mais moi je me suis pas vue et j’étais comme Lulu, avec des oreilles de chameaux, c’est Epo qui l’a dit en se demandant pourquoi on n’était plus des corneilles.
Je me souviens qu’on a bien rit, mais qu’on n’a pas trouvé le champignon bizarre du sujet de rédaction.
Après on est redevenus normaux pour écouter Lulu qui voulait trouver des épis de zodes pour remplacer les chats pitres qu’elle avait agrafé sur sa rédac blessée et soignée.
Et puis j‘ai lu mon poème à toute la compagnie et tout le monde a applaudi…
Mais après j’ai dû raconter pourquoi j’avais crié « j’ai trouvé ! » quand je regardais le sol avec Éponine et mes cousins.
Dans le sujet il était précisé « qu’on avait envie de voir les feuilles rougir ». Comme si c’était possible ! Mais ce n’est pas possible ! On ne peut pas les « voir » rougir. Quand elles sont rouges elles sont rouges et pis c’est tout… Et tout à coup pendant que je me concentrais comme Éponine l’avait dit, j’ai compris comment ça se passait… Et je peux vous dire que maintenant je « vois » les feuilles rougir… En les mettant côte à côte, et en partant de gauche à droite, j’ai commencé par une feuille encore verte, puis j’ai placé la suivante à moitié verte et jaune comme pour un jeu de domino le côté vert du côté de la feuille verte. Ensuite, j’ai posé à coté du jaune, le jaune d’une feuille qui était devenue orange de l’autre côté. Je n’avais plus qu’à juxtaposer le côté orange de la
suivante qui était partiellement rouge pour arriver à une feuille toute rouge. Ainsi avec 5 feuilles, collées là-haut, au dessus du titre, je me souviendrai toujours de la façon dont l’automne fait rougir ses feuilles. Et même, je sais pourquoi parce que je suis allée voir Vivi qui a ouvert son grand livre de sciences de l’arrière-arrière grand-maman.
C’est quand la feuille vieillit, les cellules qui la composent se modifient et s’activent pour capter la lumière de façon différente… Les cellules qui captaient les rayons verts, perdent leur capacité et développent le pouvoir de capter le jaune, puis elles vieillissent encore et peu à peu ne peuvent capter que le rouge. Je sais que j’ai simplifié, mais c’est comme ça que je l’ai compris.
Voilà, et je suis bien contente d’avoir écrit cette rédaction, car plus le temps passe et moins je me souviens. Plus personne d’ailleurs ne se souvient de ce qui s’est passé durant ce pic-nic, sauf Éponine qui a son sourire en coin, nous les autres, on sait juste qu’on a bien ri …
Signé
K6.
À suivre : la note finale de la maitresse
02.11.16 15:06 par Vividecateri