Un coup de Chapeau pour mon premier gros concours de fous.. en 95

Concours International à St Pierre en Chartreuse, en Isère, à l'occasion du festival Brel. Comme ça s'appelait Brel et que le Monsieur avait une façon extrêmement active de montrer son heu attachement aux dames, je me suis dit que j'allais faire ce projet, persuadée que je devais présenter quelque chose sur Brel.. Ceux et celles qui me connaissent dans les défis d'écritures, ont l'habitude de me voir louper les consignes... et bien pour les concours c'était pareil. quand il y avait un thème je ne le voyais pas... et quand il n'y en avait pas, je pensais mordicus qu'il y en avait un... Ce n'est pas que je ne lisais pas, mais mon imprimante se déconnectait au profit de mon imagination galopante... voilà. 
La première des choses, présenter un dossier avec le projet, dessins, croquis, dimensions, techniques, arguments... + de 80 dossiers, une 10 n de sculpteurs retenus venant de tous les pays...
Un truc de ouf pour 5 jours et demi de travail sur un tronc de 60 cm de diamètre et de plus de 2 m... 
Moi toute petite, sculpteur depuis quoi ? 2 ans ! Sur de petites billes de bois, à mon rythme, et sans pression... Je suis prise... J'y vais... On avait droit à un coéquipier... Sculpteur sur bois, il me plante à la fin du premier jour...  Il coupe un morceau au niveau du torse qui ampute complètement l'avant de la silhouette du projet... Je vous dis pas comment j'ai tourné autour de la sculpture pour essayer de lui donner une forme qui ne la rendrait pas de guingois. Je me demande encore comment j'y suis arrivée... Au village, là haut, ils sont sympas, il m'octroie, le lendemain en fin de matinée, un gars de leur campagne, grand comme un chêne et qui apporte une tronçonneuse de 2 m ! Du coup il avance bien le travail et fait à la perfection tout ce que je lui demande... Mais il ne pouvait rester qu'un jour... Bon... j'appelle les copains, qui ne peuvent se libérer que pour les finitions au Week-end... il y a encore beaucoup, beaucoup à tronçonner... J'appelle monsieur mon mari, je vous l'ai dit ailleurs, même s'il n'avait jamais touché une tronçonneuse (depuis il s'est rattrapé) et encore moins sculpté, il a la fibre artistique, il reste jusqu'au vendredi soir... Et contre toute attente se débrouille comme un chef, complètement à l'écoute des directives... Il s'en va, et viennent alors successivement, un copain sculpteur sur bois pour le samedi matin, et mon ami de toujours, sculpteur sur métal jusqu'au dimanche fin d'après midi, où la remise des prix a lieu...
Sans eux, je n'y serais jamais arrivée... heureusement j'avais eu la bonne idée de me faire une maquette en bois, ce qui m'a fait gagner un temps considérable pour ajuster les choses sur de simples coups d'oeil.
Je craignais d'être disqualifiée avec tous ces changements de coéquipiers, et surtout que les années suivantes ils jettent mes projets à la poubelle... Ouf, ils ne l'ont pas fait...
Côté ambiance, malgré des muscles complètement "hurlants" des reins en bouillie, un dos en compote, un sommeil douloureux... Ambiance au top... repas du soir dans des restos différents chaque soir tous ensembles... un truc d'enfer... au paradis des sculpteurs, voilà... Je sais pas pourquoi, je remarque vite, là aussi comme en Maurienne et en Savoie, qu'on ne me voit pas comme une "fille" mais comme un copain... ça m'arrange bien, moi... j'aurais aimé être un garçon, alors parfait... Côté prix... Rien du tout, mais c'est à ce concours là qu'on me refit le même coup qu'en Maurienne, et que l'on vint me dire que à une voix près j'aurais pu être 2ème en catégorie artistique, ou 3ème en catégorie originalité... bon??? je crise un peu... Mais m'en fiche, je ne laisse pas ma sculpture comme ça, (c'est ce qui se passe, quand le sculpteur gagne un prix, les organisateurs gagnent la sculpture et le sculpteur la perde)  alors je ramène la grosse bête... Maintenant faut lui trouver une place !!!! elle me regarde de haut... d'ailleurs elle regarde tout le monde de haut...