Véro D.
Date d'inscription : 22/01/2016
| | La girafe et son cou | |
Autrefois, la girafe présentait un aspect fort différent de celui d’aujourd’hui. Certes, elle possédait déjà de longues et fines pattes, un poitrail musclé et une jolie tête allongée ornée de deux cornes et de deux longues oreilles. Mais elle n’était pas dotée de ce long cou gracieux que nous lui connaissons maintenant. Il était si petit que sa tête semblait directement posée sur son poitrail. Le contraste entre ces pattes longilignes et ce cou minuscule provoquait l’hilarité des autres animaux. Surtout de la hyène qui ricanait sans vergogne lorsqu’elle apercevait notre pauvre girafe. En outre, ce cou ridicule l’empêchait d’atteindre les feuilles les plus appétissantes, situées en haut des arbres. Elle devait se contenter de celles des arbustes, amères et sèches. Comme elle enviait les singes, qui, en quelques sauts, grimpaient où bon leur semblait ! Tout ceci rendait notre amie la girafe très malheureuse. Pour éviter les moqueries des autres animaux, la journée, elle se cachait derrière des buissons et n’en bougeait pas. Elle ne sortait qu’à la nuit tombée, profitant du sommeil des autres animaux pour aller boire et se nourrir. Puis elle passait une bonne partie de la nuit à se promener, heureuse d’avoir la savane pour elle seule. Comme personne ne pouvait se moquer d’elle, son naturel joyeux reprenait alors le dessus et elle se mettait à chanter. Car, en ce temps-là, elle possédait une très jolie voix.En ce temps-là, l’aspect de la lune ne changeait jamais. Elle demeurait pleine toutes les nuits. La girafe restait de longs moments à la contempler, fascinée par cet astre rond et lumineux au milieu d’un ciel couleur d’encre. Elle aurait tant aimé pouvoir l’atteindre un jour. Hélas ! C’était impossible. Une fois, elle partit plus loin que d’habitude et se perdit. Comme elle cherchait son chemin, le museau en l’air, elle ne regarda pas où elle posait ses pattes. Elle marcha sur quelque chose de mou qui se mit à protester :— Eh là, toi, grande sauterelle ! Fais attention où tu marches, tu as failli me réduire en bouillie ! La girafe baissa les yeux et vit un petit animal qui se mit à bondir tel un ressort, ce qui l’étonna. — Désolée, petite bête, je ne t’avais pas vue ! Dis-moi, comment fais-tu pour sauter aussi haut avec tes petites pattes ? — Côa, quelle question idiote ! Tu n’as jamais vu de grenouille ? Dis-moi, au lieu de me regarder bêtement, peux-tu m’aider à retrouver ma mare ? Cela ne devrait pas être difficile pour toi.La girafe, qui avait bon cœur, accepta d’aider la grenouille et la fit monter sur son dos. Toutes deux se mirent en quête de la mare, qu’elles finirent par trouver après avoir tourné un bon moment. Au bord de l’eau, un vieil arbre solitaire plongeait ses branches basses vers la surface, où se reflétait la pleine lune. Ses feuilles couleur d’argent bruissaient doucement sous une brise légère. La grenouille plongea aussitôt, nagea un moment, puis sortit sa tête. La girafe l’observait s’ébattre, amusée. — Girafe, je ne suis pas une ingrate. Pour te remercier de m’avoir aidée, je peux t’aider moi aussi. Dis-moi ce dont tu as besoin.— Eh bien… Je n’aime pas mon cou. Les autres animaux se moquent de moi. J’aimerais tant qu’il soit plus grand ! — Hum, je comprends. Ecoute-moi bien. Cet arbre qui pousse près de mon étang est magique. C’est grâce à lui que je peux bondir aussi haut. Manges-en deux feuilles et ton cou grandira. Seulement, tu devras revenir tous les soirs, car ses effets ne sont pas permanents. Surtout, n’en mange pas plus de deux à la fois. Cela ferait mourir l’arbre et aurait des effets irréversibles sur toi.— Ne t’inquiète pas, grenouille. Merci pour ton conseil, je suis tant heureuse d’avoir enfin un long cou! La girafe s’approcha de l’arbre et avala une feuille de l’arbre. Son goût amer la rebuta tout d’abord, mais elle se força à la manger en entier. Son cou commença alors à s’allonger et elle avala une seconde feuille. Son cou grandit encore, jusqu’à atteindre les plus hautes branches de l’arbre. Quelle joie de voir son rêve enfin réalisé ! Elle passa le reste de la nuit à gambader dans la savane, profitant de son nouveau cou pour grignoter des feuilles tendres, heureuse de pouvoir contempler la savane de plus haut.Hélas ! Le lendemain matin, son cou était redevenu aussi petit qu’avant. Elle dut subir les railleries habituelles de la part des autres animaux. Cependant, elle n’y prêta pas attention. Elle alla se reposer à l’ombre d’un arbre, à l’écart, et attendit le soir.Enfin, dès que la lune parut, la girafe se hâta de retourner à la mare. Elle retrouva aisément le chemin pris au hasard la veille. Sous la brise nocturne, le vieil arbre agitait doucement ses feuilles couleur de lune. La girafe voulut demander à la grenouille pourquoi son cou redevenait petit le jour, mais elle ne la vit nulle part. Seul le reflet de la lune animait la surface calme de l’étang. Alors, s’approchant de l’arbre, elle avala d’un coup deux feuilles d’une branche basse. De nouveau, son cou grandit jusqu’à atteindre la cime des arbres. Comme la veille, elle se promena dans la savane, passant la nuit à grignoter de-ci de-là quelques feuilles et à chanter au clair de lune.Plusieurs nuits passèrent de la sorte. Cependant, chaque matin, le cou de la girafe redevenait petit, ce qui, à la longue, la contraria. Quel dommage que l’effet des feuilles ne soit pas permanent !Comme tous les soirs, elle revint auprès de l’arbre et mangea deux feuilles et de nouveau, son cou s’allongea. Elle hésita un moment, tentée de croquer une troisième feuille, mais elle se rappela la mise en garde de la grenouille et commença à s’éloigner de l’arbre. C’est alors… ( à suivre ) |
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02.04.16 17:47 par EPONINE52